Qui dit changement de lieu de vie dit changement d’habitudes et adaptation. Pour me préparer et connaitre les petites (et grosses) différences avec mon mode de vie dans l’Hexagone, je me suis documentée dans des bouquins, sur des forums et même dans les petites annonces. Mais malgré tout ça, tu n’es jamais prêt…
La chaleur
Quand j’ai vu les températures minimales et maximales, j’ai eu peur. Moi qui suit incapable de dormir quand il fait plus de 19°C, il faudra que je supporte toute l’année des nuits à 24°C. Et puis avec les 80% d’humidité de moyenne, je m’imagine vivre dans un immense sauna, constamment moite.
Dans un forum, j’ai aussi pu lire qu’en décembre, un gilet peut être nécessaire pour les soirées fraiches. Soirées à 20°C. J’ai pouffé. Et puis, j’ai vu les variations de températures quasi inexistante. Au final j’ai acheté une polaire, au cas où.

Arrivée à Pointe-à-Pitre (PAP), j’ai presque pleuré, cette sensation de lourdeur et moiteur était bel et bien présente. Et puis finalement, une fois à Petit-Bourg, j’ai étét surprise de la fraicheur du lieu. L’endroit est ventilé, ce qui rend malgré la chaleur et l’humidité un endroit agréable.
De nombreuses maisons en Guadeloupe sont équipées de climatiseurs. Ce n’est pas le cas chez moi, mais le coin est suffisamment frais, grâce à la forêt avoisinante pour ne pas en avoir besoin. Le ventilateur reste cependant nécessaire, surtout pour la période la plus chaude de Juillet-Août.
L’humidité
La chaleur et l’humidité qu’on ressent en Guadeloupe ? Facile ! Tu vas dans une serre tropicale du parc animalier le plus proche de chez toi et tu as un aperçu ! Et bien en fait, pas du tout. A l’heure où j’écris oui, c’est très lourd. Mais ce temps est signe qu’il va pleuvoir ou qu’il a plu. Mais en temps normal, c’est l’air est assez agréable, grâce au vent notamment.
Et pour la pluie alors ? Oh et bien, il ne pleut pas vraiment mais une bruine quasi continue , non ? Pas vraiment. Sur Basse-Terre, il peut plus régulièrement que sur Grande-Terre. Et quand il pleut, ça ne rigole pas. Ce sont des sauts d’eau pendant 20-30min. Quand une tempête tropicale traverse l’île cela peut durée une journée et jusqu’à une semaine. Et c’est même pas idéal pour un apéro douche géant. Déjà parce que ça dilue ton punch et ça , ça va pas du tout. Mais surtout parce qu’il y a une procédure dans ce genre de situation, et il est demandé de rester chez soi par sécurité.
La voiture
J’ai très vite compris, qu’en Guadeloupe, tu ne faisais rien sans voiture. Il y a bien un service de bus de ville pour PAP et un autre service pour la région, mais il n’est pas ce qu’il y a de plus fiable. Déjà parce que le service ne circule qu’en semaine et le samedi matin. L’après midi en semaine, le bus est aussi à la demande. Puis, parce que, selon des témoignages, les horaires ne sont pas toujours respectées. Enfin, les artères principales de l’île, surtout autour de PAP et entre Grande-Terre et Basse-Terre sont des éternels bouchons. Il est donc préférable d’habiter au plus proche de son lieu de travail et d’avoir une voiture.
La Guadeloupe est le département avec le plus d’accident de la route en France. Et il y a de quoi ! Entre les voitures arrêtées sur la chaussée, n’importe où, un rond point, un virage, une quatre voies ; celles qui roulent vite à 80 km/h dans les villes et qui doublent sans visibilité ; celles qui au contraire roulent lentement à 65km/h sur une voie à 110, l’absence de clignotants, les changements de voies à la dernière seconde sans prévenir, bref il ne faut pas rouler stressée par ici !
Et puis la route est souvent en piteuse état, avec nid de poule crevasse ou route très étroite. J’ai de la chance la route sur laquelle je circule quotidiennement pour aller au travail ou faire des courses a été refaite récemment. Elle est même assez large, je vais pouvoir venir travailler à vélo ! (alors pour le vélo c’est quand je serais championne olympique, je crois)
Très vite, j’ai acheté une petite voiture. Ce n’est pas une formule1 ou un SUV puissant, mais elle fait le job. Le plus impressionnant avec ma petite voiture c’est son manque de puissance en 4e et 5e. Typiquement je ne peux pas aller plus vite que 85 km/h en descente, donc je fais désormais partie de ces voitures qui roulent à 70km/h sur les voies rapides, et finalement c’est moins stressant et moins dangereux que de rouler à la vitesse réglementaire.
J’ai aussi été surprise au sujet de l’essence. Bien évidement, le prix est élevé, ça je m’y attendais. Ce que je m’attendais pas, c’est qu’aucun prix ne soit affiché en amont des stations. Aucun prix n’est affiché car quelque soit la station, le lieu et la marque, le prix est le même en Guadeloupe. Ce dernier est fixé par la préfecture tous les mois. Et ces derniers temps, l’essence a tendance à bien monter : 1,65€ le litre de sans plomb. D’où l’intérêt aussi de ne pas rouler trop vite pour éviter de surconsommer, de toute façon j’habite à 2 heures maximum de chaque endroit de l’archipel, quel importance de se presser ?
Les déchets
Je ne vais pas évoquer tous les problèmes de l’archipel, l’idée étant aussi de te faire venir visiter un jour. Mais pour les déchets, difficile de passer à côté. Il est fréquent de tomber sur une décharge sauvage. Je ne parle pas de déchets ménagers ou d’emballages. Non, là il est question de décharges d’encombrants. On y retrouve principalement des meubles et de l’électroménager. Parfois c’est en parfait état. On retrouve aussi de très nombreuses voitures abandonnées, souvent préalablement volées puis désossées petit à petit.
A en avoir discuté avec des collègues, la population pense que la Nature dégrade rapidement les déchets. Il est vrai, que deux mois plus tard, la végétation s’étant développé dessus, on ne les verra plus.
C’est aussi un problème de santé publique car ces dépôts sauvage favorise les cas de leptospiroses, avec une soixantaine de cas par an. Ne pas voir les symptômes sinon tu vas vouloir que je rentre illico…
La bonne nouvelle dans l’histoire, c’est que ce sont spécifiquement des personnes âgées qui ont encore cette pratique (interdite et punie par la loi), les jeunes populations sont sensibilisées sur ces questions de déchets. Des groupes s’organisent aussi pour faire des dons, du troc et du prêt d’objets dont on n’a plus l’utilité, d’objets cassés mais réparables ou pour pièces, ou dont l’utilisation n’est que ponctuelle.
L’eau
La première fois que j’ai entendu parler de problèmes d’eau courante (celle qui sort du robinet et du conduit de douche), c’est en fouillant dans les annonces locatives. Un des critères qui est important à l’achat ou location d’un maison ou d’un appartement c’est l’absence de coupure d’eau, ou la présence d’une cuve à eau pour palier le manque d’eau courante.
La première semaine, j’ai découverte alors dans mon logement temporaire ce que ça fait d’avoir de l’eau qu’à certaines heures (qui ne sont ni celles du repas ni celles habituelles pour ma douche). J’ai donc vécu avec de l’eau en bouteille que je rechargeais lorsque l’eau revenait. Dans mon logement actuelle pas de problème d’eau, j’ai quand même une réserve de 10L nécessaire encas de coupure. Dans tous les cas, il faut oublié l’eau chaude. Il y en a bien un peu pour la douche mais c’est en faible quantité et sur un temps limité.
On m’a par la suite expliqué qu’il est censé y avoir de l’eau pour l’ensemble des 2 îles. Cependant, avec la mauvaise gestion et l’absence de maintenance le réseau fait fuir 60% du débit. Ce qui donne que très souvent les habitants au Nord de Basse-Terre se retrouvent sans eau.. Habitant à côté de la ville ayant la station de pompage, je suis un peu épargnée par ces situations.
Les moustiques
Qui dit région tropicale, dit énorme insecte velu qui pique et qui tue. (Non) La Guadeloupe fait partie de ces îles sans serpents, déjà un bon point je ne vais pas mourir dans l’estomac d’un boa là bas. A ma grande tristesse il n’y a pas non plus de crocodiles, mais nous nous égarons.
Le moustique tigre (y’en a surement d’autres mais c’est surtout celui là qui pique l’humain en Guadeloupe, donc ici il ne sera question que de celui ci), ce petit être perfide qui ne sert absolument à rien. Oui vraiment, le monde serait sans moustique, l’écosystème ne bougeraient pas d’un pouce. Toutes les régions de l’archipel ne sont pas touchées de la même manière. Pas de chance pour moi, ici c’est envahit. Et pour en rajouter une couche, une fois que le moustique est implanté à un endroit il est impossible de l’exterminer complètement. Et cerise sur le gâteau, les moustiques ont des préférences d’humains à piquer, et sont sensible à leur odeurs et leurs chaleurs corporels (il semblerait que plus une personne est chaude, plus elle est appétissante, voilà voilà) . Il semblerait que je sois complètement à leur goût. JOIE
Alors il faut trouver des solutions pour les éloigner. Compter uniquement en ses talents auditifs est au mieux inutile, au pire suicidaire. Le moustique tropicale est furtif et fait très peu de bruit. Les bombes anti-moustiques ? Ni écologique, ni économique. Mais cela reste bien d’en avoir une sur soi pour les sorties extérieurs, ou les moments d’attaques en masse. Les répulsifs ? Efficace qu’un temps, et un moustique affamé s’en fout. La raquette électrique ? Ludique ! La moustiquaire de lit ? C’est marrant au début d’avoir la sensation de dormir dans un tente mais ça a ses limites, si la moustiquaire trouve un espace c’est la fin, c’est gonflant à mettre le soir et enfin c’est le summum du kitch. La fumée ? C’est le répulsif le plus efficace, souvent les locaux brûlent des feuilles de bananiers. La moustiquaire aux fenêtres ? Définitivement ce qui est le plus confortable que ce soit au niveau de la flemme, une fois posée on y touche plus, et de son efficacité. Ainsi je combotte à la fois les moustiquaires aux fenêtres avec la raquette électrique. Je désodorise la maison aux huiles essentielles de citronnelle et géranium. Quand je profiterais de ma terrasse, j’utiliserais les répulsifs à spirale, les plus efficaces.
Il m’arrive tout de même d’être piquée, et par piquée je parle de 5 à 10 piqures en l’espace de 20min, souvent par un seul moustique. C’est très impressionnant, mais au final les démangeaisons se calment très vite, il est rare que j’utilise une pommade pour soulager. Le moment où je tue le monstre à la raquette est un vraie délice !
Au début, j’étais paniquée à l’idée d’avoir la Dengue. Mais, finalement la Guadeloupe n’est plus déclarée comme zone épidémique depuis mon arrivée, donc la probabilité que je l’attrape est très faible. De plus, les symptômes les plus fréquents sont bénins comme ceux d’une maladie hivernale et une éruption cutanée en bonus. Parfois, elle passe même inaperçue et dans les cas classique on s’en remet au bout de 15 jours 3 semaines. La forme la plus médiatisée, la dengue hémorragique, correspond à 1% des cas. Donc autant dire qu’à part être vigilante en cas de symptômes, je n’ai pas à m’inquiéter.
Du kitch en veux-tu en voilà
Le rythme jour / nuit
Avant de partir, j’avais un peu peur de prendre du temps à m’habituer au décalage horaire. Et en même temps, la septaine était idéale pour que je me repose et me cale sur les bonnes heures. Mais, le décalage horaire c’est rien par rapport au rythme jour nuit.
En Guadeloupe, on se trouve entre le Tropique du Cancer et l’Équateur. On est donc proche des journées aussi longues que les nuits. Le soleil se lève autour de 5h30 le matin et se couche à 18h30. Et, le plus important, il n’y a pas de crépuscule. Ce qui veut dire qu’à 19h, il fait nuit, nuit noire si tu habites dans un coin comme par chez moi où il n’y pas de lumières de ville. C’est déroutant de se dire en été, mais de ne pas profiter des journées à rallonge comme dans l’Hexagone. Au bout de 3 semaines je suis désormais habituée à ce rythme mais je n’ai pas encore eu l’occasion de faire de soirées, ça aide.