Petit article un peu différent de ceux déjà présents sur le site car celui-ci n’a pas vocation à présenter un aperçu de la Guadeloupe, ou d’une autre partie du monde d’ailleurs, mais de répondre à des questions et remarques que j’entends régulièrement.
Ça ne te déprime pas que personne ne répondent à tes invitations ?
Tu dois être blasée que peu de gens montrent de l’entrain à venir te voir.
Tu le vis comment l’éloignement ?
T’as pas peur de louper des choses, à vouloir le faire en compagnie si personne ne vient ?
Tu dois être déçue un peu non ?
Ça doit être moins sympa toute seule quand même.
Alors oui, il y a de la frustration de ne pas partager tout ce que je vis avec des copain.e.s. Oui il y a du blues lié à l’éloignement et que c’est encore plus difficile quand je reçois des invitations pour des évènements à 6000km de chez moi. Et oui je rage contre la vie que ce ne sois pas plus simple de venir me voir.
Car, que les choses sois claires : jamais je ne serais déçue ou en colère de ne pas accueillir mes ami.e.s ou ma famille. En vrai j’ai plus peur d’énerver tout le monde et que ce soit vu comme du harcèlement de trop insister, et de relancer les invitations !
Mais je sais que pour beaucoup d’entre vous ce n’est pas le moment pour une raison ou une autre. Sans parler de la pandémie actuelle qui bouscule tous les plans, on n’a pas tous les moyens ni le temps pour un séjour si loin. (Même si bon au final, un Paris Pointe-à-Pitre, ce n’est pas plus long qu’un Paris Clermont-Ferrand !) On a tous nos trains de vie qui font que d’un point de vue logistique et organisationnel c’est impossible de caler 10 jours de congés, surtout entre une reconversion professionnelle et un nouveau venu dans la famille.
Il y a bien des expériences que j’aimerais vivre avec mes proches, car c’est plus sympa de partager ces moments que de les vivre. Mais jamais je ne me priverais pas, et si je tiens à vivre l’expérience je le ferais, quitte à la partager ensuite une nouvelle fois. J’ai été trop déçue dans le passé d’avoir sagement attendu le bon moment pour qu’au final ça ne se fasse jamais. J’ai été déçue d’avoir perdu mon temps en espérant réunir des conditions dignes d’un alignement de planètes.
J’ai pris la résolution de ne plus attendre, je choisis ma destination, je me prépare et je pars. Si personne ne m’accompagne, tant pis pour eux. Et depuis le jour où je me suis lancée dans les voyages en solo, je ne regrette absolument pas, j’ai encore plus envie de vivre tout ce que je vis. Je me projette plus facilement dans le projet voyage ou la prochaine escapade, j’adore les préparer et les organiser et je vis intensément le moment présent.
Et puis, le voyage solo a aussi ses avantages. Tu choisis ta destination et ton parcourt. Tu vas à ton rythme, tu dictes tes horaires. La prise de décision est plus rapide et tu peux changer de chemin sans avoir à négocier en cours de route. C’est l’occasion d’apprendre à se faire confiance, tester ses limites, sortir de sa zone de confort. C’est aussi beaucoup plus simple pour les rencontres. Et oui, solitaire ne veut pas forcément pas dire solitude !
Alors non, je ne suis pas triste de vivre cette expérience seule. J’étais bien consciente à mon départ que tous mes proches ne se jetteraient pas sur le premier avion venu pour me rejoindre, que même probablement aucun, quelque soit la raison. Et donc, chaque message pour m’annoncer leur intention de me rejoindre sur une quinzaine est une grande joie, chaque billet d’avion acheté une véritable excitation. Mes parents peuvent témoigner, leur séjour est prêt trois mois à l’avance ! Pour les autres, ce n’est pas grave je les aime quand même.
Ni chanceuse, ni courageuse
Parfois je reçois aussi des messages d’admiration et d’envie.
Sacré courage que de tout lâcher pour partir au bout du monde !
T’en as de la chance de voir tous ses paysages idylliques.
J’aimerais tellement avoir le même courage que toi mais je suis incapable de m’éloigner autant de ma famille et mes amis.
J’aimerais ne pas avoir peur de lâcher mon emploi stable mais pas intéressant et faire ce qui me passionne.
Et bien, je vais t’apprendre un truc de fou : je ne suis ni chanceuse, ni courageuse.
Tout lâcher et repartir de zéro ailleurs, c’est quelque chose que je vis depuis que j’ai 15 ans. Je suis habituée à ces grands changements, même si soyons honnête il y a toujours une sensation de saut dans le vide. A chaque ville son chapitre, avec ses péripéties, ses anecdotes, ses sensations, ses rencontres. J’essaie de pousser au fond des choses afin de voir l’âme de la ville, de la région et des gens qui y vivent. J’en apprécie alors d’autant plus l’endroit. Je vois des choses splendides, je vis des histoires extraordinaires et uniques. A chaque fois je me dis que je pourrais poser mes valises là, que je me sens bien. Et puis finalement, une occasion ailleurs. Alors, je refais mes bagages. Non sans le cœur noué et les yeux gonflés. Mais l’attrait de la nouveauté est (pour le moment) plus fort.
Par contre, si tu penses que j’ai de la chance de vivre dans un coin de paradis, et pas toi, c’est que soit tu vis en Champagne-Ardennes, soit tu as les yeux fermés. Une amie de longue date a écrit un petit message à la suite d’un roadtrip de 6 mois dans les grands parcs des États-Unis, qui invitait tout le monde à faire le même voyage, sans forcément aller si loin.
Ces derniers mois j’ai essayé de partager avec vous cette nature qui m’a forgée. J’ai rarement trouvé les mots justes. Tout sonne creux lorsque je tente d’en parler. Les photos de paysages me semblent plates. Difficile d’exprimer à quel point mes sens m’ont comblée. Impossible de vous raconter les textures. Je n’étais pas vide en partant, désormais je déborde.
Certains me parlent maintenant d’un “retour à la réalité”. De quelle réalité parle-t-on? La réalité j’avais les deux pieds dedans, en vivant avec les éléments, en percevant des changements climatiques inquiétants, des comportements humains foireux… En partageant j’aimerais encourager les gens à simplement sortir. Pas la peine de partir loin, pas nécessaire de le vivre sur plusieurs mois. Pas besoin de marcher des miles. Pas utile d’aller jusqu’à faire des câlins aux arbres. Simplement savoir prendre du temps loin de nos constructions physiques et symboliques. C’est un recul nécessaire que de savoir se sentir vulnérable et à l’écoute de la nature. Pour le respect de soi, de toute cette vie qui abonde et de celle qui vient à manquer.
Camille F. – 2017
La Nature est belle dès le pas de sa porte. Les paysages en France hexagonale sont à couper le souffle (surtout en Auvergne) . On a trop tendance à ne pas visiter les alentours, à ne pas profiter de sa propre région, à ne pas être curieux de son quartier.
Il n’y a plus le temps d’attendre
Je n’arrive pas à imaginer ma vie dans 5 ans. Autant dire que pour moi les mots stabilité, CDI et retraite n’ont pas vraiment de sens. Il n’y a plus le temps d’attendre, remettre à demain c’est enterrer un peu plus ses projets. Ne reporte pas quelque chose qui te plaît et qui soit en accord avec tes convictions. Lâche tout et va vivre ton rêve ! La vie est trop courte pour se dire qu’on le fera plus tard.
L’un de mes rêves c’est d’avoir la possibilité de voir de mes propres yeux de nombreux sites et paysages que nous offre la Terre. Mais c’est compliqué de trouver un compagnon de route qui me suivra partout et que je supporterai aussi longtemps. Alors le voyage en solitaire s’impose… Non, il ne s’impose pas, il devient une évidence. J’ai lu plusieurs blogs sur le tour du monde en solitaire, et certains m’ont particulièrement touchée et motivée à me lancer dans l’aventure. Bien que leur discours soit en lien avec le voyage, le message peut être transposé pour n’importe quel projet, n’importe quelle passion.
Je fais à ma façon, à mon rythme. Et même si je n’arrive pas à cocher toute ma Bucket List, ce pas si grave. L’important ce n’est pas la destination mais le chemin pour y arriver.