La mission jésuite de San Ignacio

Après être allée aux chutes d’Iguazu, j’ai insisté pour aller voir les ruines de la mission jésuite de San Ignacio. Inscrit au patrimoine mondial de l’humanité de l’UNESCO, ce sont les vestiges de l’Histoire, d’un système social unique en son genre, les reducciones.

Miniature de la reduccion de San Ignacio

Partie intégrante des campagnes d’évangélisation, les missions témoignent de l’occupation de la région et des relations culturelles qui se sont tissées entre les populations autochtones, les guaranis, et les missionnaires jésuites européens. Ce système singulier vit le jour dans 30 établissements. L’objectif était bien évidemment d’évangéliser et d’occidentaliser la société. Mais l’une des particularités c’est la liberté qu’avaient les guaranis dans les reducciones. Ainsi les missions ont vécu entre deux cultures, tolérant les pratiques de chacun.

Les guaranis sont un peuple autochtone d’Amérique du Sud semi-nomade, vivant surtout de chasse, pêche et cueillette. Les villages sont installés le long des fleuves Paraná, Uruguay et Paraguay jusqu’aux îles du Delta du río de la Plata. Ils s’organisent socialement en familles élargies dans une grande maison communautaire, la maloca. Le chef du clan, le cacique partage les terres pour chaque maison. Polygames, il répartit aussiles femmes aux chefs des maisons. Les guaranis cultivent du maïs et du manioc, avec lesquels ils fabriquent une boisson fermentée, la chicha. Ce sont eux qui ont découvert une herbe qu’ils mâchent ou infusent dans l’eau, le maté.

A l’arrivée des espagnols, les guaranis sont rapidement soumis de force pour les travaux les plus durs. Leur peuple est en partie décimé par des maladies inconnues jusque-là : la grippe, la variole, etc. Quand les Jésuites commencent à installer leurs missions, ils y voient une planche de salut, un moyen d’échapper à l’esclavage. Le film Mission parle d’ailleurs de cette partie de l’Histoire. Après l’expulsion des Jésuites, certains retourneront à la forêt, d’autres seront utilisés comme main d’œuvre corvéable dans les grandes fincas.

Ce sont les Jésuites qui ont transcrit le guarani, la seule langue indigène à être langue officielle dans un pays d’Amérique du Sud, le Paraguay. En 2004, elle a été reconnue seconde langue officielle dans la province argentine de Corrientes, et langue officielle du Mercosur, avec l’espagnol et le portugais, en 2006. 14.000 personnes déclarent appartenir à ce peuple, selon l’enquête sur les peuples indigènes réalisée en 2004-2005.

La reducciones de San Ignacio Mini a été fondée en 1610, non loin de Nuestra Señora de Loreto, résidence principale des jésuites. Au XVIIIe siècle, la mission compte 3000 habitants, avec une activité culturelle importante. En 1766, le roi d’Espagne exige aux jésuites d’arrêter leurs missions d’évangélisation et de quitter le territoire. En 1773, le pape rend les Compagnies de Jésus illégale. Les missions sont alors abandonnées, pillées, oubliées avant d’être redécouvertes vers 1980.

Les reducciones ont sensiblement la même  organisation spatiale. Celle de San Ignacio de Mini est plutôt bien conservée et permet de se faire une idée de la vie au sein de la mission. Les premiers bâtiments sont des bâtiments de travail et d’artisanat.

Puis, au tour d’une grande cour, les habitations des guaranis. Au départ ce sont des grandes cases où l’ensemble du peuple pouvait dormir dans la même  pièce. Puis, quand la population assimila la monogamie, des murs furent érigés dans les cases pour séparer chaque famille.

Au fond de la cour, il y a l’église et le couvent. On trouve alors la zone de maraîchage. Les guaranis et les jésuites ne cultivaient pas les même aliments.

Le soir nous sommes retourner visiter la mission pour profiter des illuminations.

2 commentaires

  1. Elvire Berthenet a dit :

    Y a 0 touriste sur les photos, c’est parce que vous étiez tous seuls ou c’est cadré pour pas les avoir ? ^^

  2. Alors ici pour les coups y’avait quasiment 0 touristes, et franchement je trouve ça hyper dommage en dehors des ruines c’est un bout de l’Histoire qui ne doit pas finir dans l’oubli

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