On s’arrête à Paracas après Nazcas et avant d’arriver enfin à Lima. Là bas l’objectif c’est de rattraper le blues de Ushuaia et la mini déception à Punta Tombo vers la Péninsule Valdès, à savoir voir des manchots !!! C’est partit pour une excursion en bâteau pour aller observer les oiseaux des îles Ballestas.
Le chandelier
On commence avec un géoglyphe en forme de candélabre bourgeonnant, d’environ 180 m de long pour une largeur de 70 m. Il a été réalisé en creusant des tranchées dans le sol sablonneux sur 50 cm de profondeur et en plaçant des pierres sur son pourtour. La colline sur laquelle il est situé est sableuse, mais sa proximité de la mer dans une région venteuse a permis de constituer une couche cristalline qui en a conservé les formes. Selon l’une de ces hypothèses, le géoglyphe serait la représentation d’un trident ou du bâton de Viracocha, dieu de la mythologie inca et pré-inca. D’autres y voient une stramoine, une plante hallucinogène. Pour d’autres encore, il s’agirait du motif de l’arbre-monde mésoaméricain.
Et voilà les ptits manchots de Humboldt
Les îles Ballestas sont souvent surnommées ”les Galápagos des pauvres” , car on y trouve une quantité impressionnante d’otaries et d’oiseaux de mer, dont des manchots, comme ce qu’on observe aux îles Galápagos en Equateur. Mais effectivement c’est bien moins cher, mais de là à dire que ça ressemble… (tu me diras quand tu pourras lire les articles sur les Galápagos)
En français, on utilise abusivement le terme pingouin pour désigner un manchot. Il faut dire qu’en anglais et en espagnol, penguin et pingüino désignent aussi bien le manchot et le pingouin. Il y a deux différences fondamentales entre les manchots eg les pingouins : leur répartition géographique et leur (in)capacité à voler. Les pingouins vivent dans l’hémisphère Nord et peuvent voler ; quant aux manchots, ils ne peuvent pas voler et ils vivent dans l’hémisphère Sud.
Quand les Péruviens découvrent les îles Ballestas, elles sont recouvertes jusqu’à 40 m de guano (des siècles de fientes). Au début du XIXe siècle, tout le monde cherche de l’engrais pour améliorer le rendement des cultures. Pour le Pérou, c’est l’occasion de faire rentrer de l’argent. Malgré la petite taille des îles, on y installe un mini-chemin de fer, des rampes d’accès aux dizaines de bateaux qui vont transporter le guano. En 1862, le manque de main d’œuvre pour récolter du guano pousse l’état péruvien à aller en chercher dans les îles océaniennes. 37 navires affrétés par le gouvernement péruvien ont « recruté » 3600 Polynésiens dont 1/3 embarqués de force avant d’être enfermés dans les cales de bateaux-prison. En 1863, les Polynésiens, dont les Rapa Nuis, survivants sont réexpédiés dans leurs îles, mais ils emportent avec eux la variole, et va amener la quasi extinction de la civilisation des Rapa Nuis.
Etoiles de mer de la mort
L’exploitation intensive du guano s’est arrêtée en 1879 au Pérou, et partout ailleurs à la fin du XIXe siècle. Les engrais chimiques l’ont remplacé. Le guano est à nouveau exploité au Pérou, dans les îles Ballestas entre autres, pour l’agriculture, car cet engrais naturel multiplie par trois les rendements et évite d’avoir recours aux produits chimiques. Mais il s’agit aujourd’hui d’une exploitation très encadrée. Les ouvriers sont protégés des gaz toxiques et de l’ammoniac qui brûle la peau et peut provoquer la cécité. Enfin, il ne faut pas oublier les autres victimes du guano : les oiseaux marins qui ont vu disparaître de nombreux lieux de vie et de sites de nidification. Il faut urgemment protéger ces oiseaux qui produisent le guano, et réglementer l’exploitation de cet engrais, quel que soit son lieu de récolte.