Les Incas

Il est temps de faire un point sur ce peuple emblématique de l’Amérique latine. Tout d’abord nous allons casser quelques préjugés.

Le Pérou c’est le pays des Incas

C’est FAUX. De nombreux peuples et civilisations ont vécu au Pérou, c’est impossible de résumer le Pérou à ce seul peuple surtout qu’il correspond à seulement un siècle sur les 15 000 ans d’Histoire du Pérou.

Merci Tintin, mais c’est loupé, les incas ne mettent pas de masques sur leur momie.

L’empire Inca c’est le Pérou

C’est FAUX. Bien que le Pérou soit le centre de l’empire Inca, ce dernier ne se limite pas à ce pays. L’empire Inca s’étendait sur le Sud de la Colombie, l’Equateur, la Bolivie, le Nord-Ouest de l’Argentine et le Nord du Chili, jusqu’à Santiago. Le peuple Mapuche a stoppé l’expansion de l’empire Inca dans le Sud.

L’empire Inca s’apparente l’empire romain

C’est VRAI. L’empire inca est le plus grand empire d’Amérique latine avec ses 1 800 000km². Pour relier l’ensemble des territoires à Cuzco, un réseau de 22 000 à 40 000km de route a été construit. Cela rapelle les 320 000km de routes romaines maillant l’ensemble des 5 000 000km² de l’Empire romain.

Les incas étaient des inventeurs

C’est FAUX. Les incas étaient des génies pour améliorer les inventions ou pour assembler plusieurs technologies entre elles. L’empire inca c’était surtout des populations et des civilisations intégrées plus qu’un territoire. Ce qui était important ce n’était pas la terre, mais le peuple et ce qu’il avait à apporter. L’ingénierie inca avait atteint un niveau exceptionnel en peu de temps grâce à l’assimilation des techniques de leurs ancêtres.

Reprenons depuis le début, l’origine des Incas

Différents témoignages ont été recueillis quant à l’origine des Incas. Selon la légende la plus connue, les Incas descendent de Manco Cápac. Plusieurs versions de cette légende en font la création de Viracocha et de Inti, le dieu du soleil, le faisant naître près de Cuzco ou sortir du lac Titicaca avec sa sœur-épouse Mama Ocllo, envoyés par Viracocha, le dieu créateur, pour apporter la civilisation aux hommes après le grand déluge qui avait tout dévasté. Selon cette dernière version, ils voyagèrent jusqu’à ce que le bâton en or de Manco s’enfonce totalement dans la terre pour leur désigner le lieu où s’établir : la terre de ce lieu serait suffisamment riche pour les accueillir. C’est là qu’ils fondèrent la première ville inca qui deviendra Cuzco, c’est-à-dire le « nombril » en quechua. Manco Capac enseigna alors aux hommes l’agriculture et l’artisanat, et Mama Ocllo enseigna aux femmes l’art du tissage.

Statue de Manco Cápac à Cuzco

Les peuples origines de la civilisation incas

Quatre peuples sont souvent cités comme étant fondateur de la culture incaïque : les Nazcas, les Huaris, les Tiwanakus et les Huarpas. Mais on peut parler aussi des peuples Chavin et Chimu. Ces derniers ont longtemps été des rivaux des Incas.

Chacuns de ces peuples avaient un domaine d’expertise. Les Incas se sont alors inspirés des talents de chacun pour améliorer leur civilisation. Les Huarpas, installés dans les plaines et montagne de Lima, sur un territoire fortement disputé, étaient des génies militaires. Les Nazcas étaient des génies hydrolique et en astronomie. Les Huaris étaient des génies civiles, en construction de route. Leur société avait partagé le pouvoir en 3 : politique, militaire et religieux. Et les Tiwanakus étaient des génies en médecine, astronomie, philosophie et maçonnerie.

Qu’est-ce qu’un Inca à l’origine ?

Il est souvent dit qu’il n’y a qu’un seul Inca, l’empereur. Cette idée est fausse est vient d’une mauvaise traduction de titre de l’empereur, le Sapa Inca. En effet, cela est souvent traduit par « Unique Seigneur », « Seul souverain ». Il est préférable de le traduire plutôt par « Inca principal » ou « Inca suprême ». Le Sapa Inca est également appelé Cápac Inca, ce qui veut dire en langue quechua « souverain Inca », « grand Inca », ou « puissant Inca ».

En réalité, ce sont tous les descendants des premiers colons arrivés à Cuzco avec Manco Cápac ainsi que leurs alliés qui sont considérés comme les Incas.

Costumes traditionnels lors d’un défilé pour touristes à Cuzco

Les grandes dates

Les Incas seraient donc un groupe d’hommes menés par Manco Cápac ; après une migration vers le nord, celui-ci s’allie avec quelques communautés quechuas pour s’installer de la vallée de Cuzco. À leur arrivée dans la région de Cuzco, vers 1285, les Incas ne sont qu’un peuple parmi d’autres. Ces petites puissances régionales s’affrontent dans des guerres locales. Les Incas participent à une confédération avec d’autres groupes en occupant dans un premier temps un rang subordonné et non dominateur. Ils adoptent la langue quechua.

En 1438, les Chancas envahissent les terres fertiles autour d’Abancay et marchent vers Cuzco. Viracocha abandonne la ville et se réfugie avec son fils héritier Urqu dans la citadelle de Calca. Mais un autre de ses fils, Pachacutec reste dans la cité et organise sa défense. Après l’échec d’un premier assaut (bataille de Carmenca), Pachacutec poursuit les Chancas, et, aidé par quelques seigneurs alliés, les met définitivement en déroute (bataille de Yahuar Pampa). Cette victoire amorce la véritable extension de l’empire inca.

En 1526, ce sont les premiers contacts entre l’empire inca et les conquistadors espagnols menés par Francisco Pizarro et Diego de Almagro, près de Tumbes, sur la côte nord de l’empire.

Dès 1527, la variole apportée par les colonisateurs fait de nombreuses victimes. L’empereur Huayna Capac y succombe et meurt sans avoir choisi de successeur. Ses deux fils se disputent alors la succession et l’empire se divise en deux : Atahualpa au Nord et Huascar au Sud. La guerre civile fait rage et c’est finalement Atahualpa qui prendra le dessus.

Manco Cápac à Aguas Calientes

En 1532, 180 conquistadors espagnols débarquent et commencent la conquête de l’empire inca. Le 16 novembre 1532, à l’issue de la prise de Cajamarca par les troupes de Pizarro, Atahualpa est capturé par les Espagnols. Dès lors, les Incas n’osent pas les attaquer de peur de mettre en danger la vie de leur empereur-dieu. Alors qu’Atahualpa est aux mains des Espagnols, ses armées prennent enfin le contrôle de tout le territoire et réunifient l’empire. Mais Pizarro alimente les querelles et encourage la rébellion des peuples dominés par les Incas : l’empire se morcelle. Toutefois, les Incas espèrent encore et souhaitent retrouver leur empereur. Pizarro propose une rançon : la pièce où est enfermé Atahualpa doit être remplie d’or. Les Incas obéissent mais Pizarro ne tient pas sa promesse et fait exécuter l’empereur déchu le 29 août 1533.

Arrivés à Cuzco le 15 novembre 1533, ils pillent la ville et mettent sur le trône le demi-frère de Huascar, Manco Inca. Celui-ci, à la solde des Espagnols, est totalement impuissant face à la dislocation de l’Empire inca. Il essaye tout de même de lancer une insurrection en 1536, reprend une partie du pays, mais échoue à reprendre Cuzco puis Lima. La guerre dure jusqu’en 1545, date à laquelle Manco Inca est assassiné.

Les Incas se replient alors sur Vilcabamba, une ville protégée du fait de sa position géographique dans la montagne. Un noyau de résistance inca y subsistera jusqu’en 1572, dirigé par Tisoc, Manco Inca, Sayri Túpac, Titu Cusi et Túpac Amaru successivement. Partout ailleurs, l’hégémonie espagnole est totale.

La société inca, le marxisme avant le marxisme

Avertissement : je n’ai pas fait de sciences politiques, juste un peu de sciences économiques et sociales il y a 15ans. Et ce n’est pas pas une information sourcée mais une conclusion que nous avons eu quand nous avons appris le fonctionnement de la société inca. Donc c’est pas forcément la vérité.

Le fonctionnement de la société inca est basé sur deux pillers : la redistribution des biens communs et l’intégration de minorités dans l’Empire, la multiplicité socioculturelle des populations qui la composaient.

Culture en terrasse dans la Vallée Sacrée

La richesse était liée non pas à la possession des biens mais à l’accès à la main-d’œuvre pour la production de la communauté. Le pauvre étant celui qui possède peu de liens de parenté. La monnaie n’existait pas. Le troc est le seul système d’échange. Les lamas servent pour le transport mais aussi pour le lait, la viande, la laine et le cuir.

Il y avait une redistribution au niveau local autour du groupe ethnique mais aussi une redistribution bien plus vaste, au niveau de l’empire. Chaque habitant de l’empire avait un logement, de la nourriture pour manger à sa faim, des vêtements, un accès à l’eau pour se laver et un travail.

L’expansion de l’empire avait pour but d’assimiler des population. Les incas ont très vite compris que pour que les populations conquises acceptent de vivre dans l’empire, il fallait intégrer leur coutume et religion.

La religion

Les Incas imposent une religion, qui est le culte du soleil, comme culte officiel dans l’empire. Mais l’idole solaire côtoie la myriade de divinités adorées par les différentes populations andines de l’empire. Il ne s’agit donc pas d’un culte monothéiste mais plutôt d’un animisme d’État, qui aggrège les croyances des civilisations précédentes et permet aux populations andines d’avoir une certaine unité religieuse.

Les corps des défunts sont conservés, non pas embaumés mais laissés à se dessécher au vent sec des montagnes. Des offrandes leur sont faites et ils sont promenés lors des cérémonies. On a déjà ces pratiques quand nous étions à Salta en Argentine.

La plupart des peuples de l’empire, ainsi que les Incas eux-mêmes, accordent une grande importance à des huacas. En Quechua, le terme huaca peut désigner tout ce qui sort de l’ordinaire ; par extension, il désigne tout ce qui est susceptible de faire l’objet d’un culte dans le contexte animiste. Les huacas peuvent ainsi être des objets naturels (comme une montagne ou un rocher) ou artificiels (comme un bâtiment) auxquels on prête une puissance surnaturelle.

Les Incas reconnaissaient et adoraient plusieurs autres divinités. Le plus important d’entre eux est Viracocha, un dieu agricole responsable notamment de l’aménagement du sol – les techniques d’irrigation revêtant une importance particulière pour les peuples andins. Le lien entre Viracocha et Inti, le soleil, n’est pas clairement établi. La subordination de l’un à l’autre est floue et dans certaines légendes ils semblent même interchangeables. Après Viracocha, les Incas adoraient également l’Inti Illapa le dieu du ciel, du tonnerre et de la foudre.

Grotte de Q’enqo, lieu sacré et de sacrifice de lama

L’Empire inca se composant d’une mosaïque de peuples qui n’ont pas forcément été détruits ou réduits en esclavage, certains cultes locaux ont pu perdurer sans pour autant que le peuple originaire de Cuzco ne les adopte. Le culte de Pachacamac en est un exemple : c’est un dieu de la côte centrale du Pérou dont les origines sont incertaines, mais dont le culte était en tout cas antérieur à celui de Viracocha. Le plus grand temple connu consacré à ce dieu s’appelle lui-même Pachacamac et remonte à l’époque de la culture Lima. Le culte serait probablement apparu entre l’an 300 et l’an 600. C’est cependant avec la culture Ishmay, civilisation locale qui se situait entre les fleuves Rimac et Lurin (1000-1450 apr. J.-C.), que le site de Pachacamac connaît son apogée dans l’empire.

Les langues

L’Empire inca regroupait de nombreux peuples différents et jusqu’à plus de 700 micro-idiomes différents furent parlés sur son territoire. Les Incas ont cependant imposé le quechua comme langue véhiculaire.

A l’origine, le quechua était la langue des Chinchas qui vivaient dans la région côtière autour de l’actuelle ville de Lima. Le quechua est devenu la langue impériale des Incas après l’annexion de ces territoires. Durant les générations suivantes, la langue s’est répandue dans l’empire inca, soit par une politique de colonisation, soit par l’éducation à Cuzco des héritiers des territoires vassalisés, lesquels devaient en retour transmettre le quechua à leurs descendants.

L’aymara est une autre langue parlée dans l’empire inca. Ce n’est pas le quechua, mais bien l’aymara qui était la langue officielle et aussi la langue sacrée de l’empire inca.

Et l’écriture dans tout ça ?

Alors que l’empire inca était très structuré et bureaucratisé, l’écriture n’y a apparemment pas existé, tout au moins sous la forme de glyphes comme chez les Mayas et dans la plupart des civilisations mésoaméricaines précolombiennes.

En revanche, un système de quipus a été mis en place. Le quipu est un message codé qui se présente sous la forme d’un écheveau de cordelettes nouées, rassemblées sur un seul cordon porteur horizontal; ces cordelettes présentent des nœuds de différentes sortes et diverses positions sur des fils de laine, coton ou autre matériau et de différentes couleurs, le tout selon un code précis et complexe, nécessitant à l’époque un long apprentissage, qui est seulement en partie déchiffré aujourd’hui.

Un quipu

Les quipus relevaient d’abord d’une interprétation numérique . Ces quipus servaient aux statistiques de l’État’ un recensement très précis : nombre d’habitants par âge et par sexe, nombre d’animaux, état des stocks, tributs payés et dus des différents peuples.

Mais les quipus revêtaient aussi probablement un sens narratif et qualitatif, voire langagier, qui les rapprochent des fonctions actuelles de l’écriture. Les quipus auraient donc aussi servi à conserver la mémoire des grandes dates de l’Histoire de l’Empire, et à consigner certains récits, secrets religieux ou textes de loi. Mais ceux-ci restent indéchiffrables de nos jours.

Et la maçonnerie

Les Incas utilisaient la technique du “puzzle” pour ajuster les pierres parfaitement les unes aux autres, sans mortier. Chaque pierre était taillée pour s’imbriquer avec les pierres adjacentes. Un exemple emblématique de cette technique est la célèbre Pierre à 12 angles de Cusco, qui s’ajuste parfaitement avec les pierres environnantes, illustrant la maîtrise inca de la géométrie et de l’ajustement des pierres. Cette méthode offrait non seulement une grande stabilité mais aussi une résistance remarquable aux tremblements de terre, fréquents dans la région andine.

L’incontournable (ou pas) pierre à 12 côtés de Cuzco

La principale théorie est de profiter des fissures du granite, faire éclater la roche avec un choc termique, ou par gonflement, tailler et polir avec une roche plus dur que le granite, du bronze et du sable.

Il y a aussi la théorie des géopolymère qui date de 2017 2018 par Joseph Dabidowitz. Il a d’abord étudié d’un temple Tiwanaco en Bolivie. Du guano et de la chicha a été retrouvé. Pour former ce géopolymère, il y a eu éclatement de la roche riche en silicate et sel (le natron) en petit caillou et reformation avec tous les élements. Des moules en paille sont ensuite utilisés. Parfois les roches bombées pourrai être expliqué par le tassement du polymère non sec.

Difficile de savoir qui a tort qui a raison, il semble que le plus probable soit un mix des deux théories avec plus souvent des situations où les incas ont tailler des pierres de façon parfaite.

1 commentaire

  1. […] C’est le passage obligé en Amérique latine, la Tour Eiffel du Pérou, une des 7ème nouvelles merveilles du monde, les plus grandes ruines incas, on va évidemment parler du Machu Picchu. On va essayer de faire un article digeste. Et donc c’est pour que contrairement à nous, toi petit lecteur, tu as la chance d’avoir eu une introduction sur les Incas. […]

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