La saison cyclonique

Cet article n’est pas un article au sujet de mes aventures en Guadeloupe mais sur l’explication et la description d’un phénomène qui rythme ma vie antillaise au moins 6 mois dans l’année, à savoir les dépressions tropicales.

Avant de commencer, je préfère préciser, je ne suis pas experte à ce sujet, je découvre beaucoup en ce moment. Il est donc possible que parfois mes propos soit flous, trop simplifiés voire faux. Je base mes connaissances sur Wikipédia (quoi qu’on en pense, c’est suffisant pour les notions de base) et un page Facebook, Météo des Ouragans. La bannière est une photo de l’Ouragan Elsa lors de son pic le 2 juillet 2021, on aperçoit la Guadeloupe tout au Nord de l’ouragan.

Formation générale des ouragans sur les petites Antilles.

En ce qui concerne les dépressions qui touchent les Antilles, presque toutes ont pour origine l’instabilité du courant-jet africain d’Est et concentrent l’activité orageuse qui accompagne la mousson en Afrique de l’Ouest, au niveau de la Guinée. On les surnomme les Ouragan capverdien de par leurs origines à proximité des îles du Cap-Vert. Plusieurs conditions sont nécessaire à leur formation, à savoir :

  • la mer doit avoir une température élevé de 26°C ou plus et une profondeur d’au moins 60 m. L’eau chaude est la source d’énergie des cyclones tropicaux. Lorsque ces tempêtes se déplacent sur l’intérieur des terres ou sur des eaux plus froides, elles faiblissent rapidement ;
  • la température atmosphérique en altitude doit être basse, la troposphère doit être humide ;
  • une perturbation atmosphérique doit pré-existé. Le mouvement vertical ascendant au sein de la perturbation aide à l’amorçage du cyclone tropical. ;
  • la distance de l’équateur doit être de plus de 10 °. La force Coriolis amorce la rotation du cyclone et contribue à son maintien. ;
  • il doit y avoir une absence de cisaillements verticaux du vent (un changement de force ou de direction du vent avec l’altitude). Trop de cisaillement endommage ou détruit la structure verticale d’un cyclone tropical, ce qui empêche ou nuit à son développement.

Système de prévisions météorologiques

Le National Hurricane Center, ou NHC, est le centre météorologique chargé d’émettre des prévisions et des analyses relatives aux phénomènes tropicaux dans les bassins de l’océan Atlantique Nord et donc des Antilles.

Plusieurs modèles de prévision météorologiques existent chacun avec ses spécificités :
– Le modèle de prévision Hurricane Weather Research and Forecasting Model (HWRF) spécialisé dans l’intensification cyclonique
– Le modèle Global Forecast System (GFS)
– Le modèle European Centre for Medium-Range Weather Forecasts (ECMWF)
– Le modèle AROME de Météo-France

Lorsque le NHC repère une perturbation météorologique, celui-ci la désigne comme un INVEST. La nomenclature est très codifiée. Les invest apparaissant dans l’Atlantique Nord porte le “L” pour les différentier des perturbations météorologiques d’une autre région. Le chiffre avant le “L” va de 90 à 99. La première perturbation est nommée 90L, la suivante 91L et ainsi de suite. Une fois à 99L, la suivante s’appellera à nouveau 90L.

Nomenclature

Les phénomènes météorologiques tropicaux portent des noms différents selon leur intention et organisation.

La première dénomination est l’onde tropicale. C’est l’évènement météorologique le plus basique et fréquent dans les Antilles en période cyclonique. Une onde tropicale est un zone de basses pressions tropical. Les isobares, ou ligne joignant les points de même pression atmosphérique, sont donc ouverts. On les surnomme OT et porte un numéro selon leur apparition dans l’année.

La dépression tropicale, ou DT, commence à avoir une organisation fermée et son activité orageuse se concentre au centre du phénomène. Les vents de surface tournent dans le sens antihoraire. Le maximum de la vitesse moyenne des vents est au maximum de 17m/sec soit 63km/h.

Si l’évènement se renforce, alors il devient une tempête tropicale, ou TT. C’est un système cyclonique dont les vents ont une vitesse maximum comprise entre 17 et 33 m/s (soit entre 63 et 117 km/h). Près des côtes, elle peut être accompagnée d’une onde de tempête jusqu’à 1,2 mètre qui se traduit par un risque vagues-submersion et inondation. Une fois devenue une tempête tropicale, un nom lui est attribué.

Depuis 1979, les cyclones tropicaux sont baptisés avec des prénoms alternativement masculins et féminins. Les prénoms sont des prénoms en anglais, espagnol et français. Un principe de cycles fut aussi établi. Basé sur 6 ans et six listes, les années paires débutent par un prénom masculin et impaires un prénom féminin. Ainsi la liste de 2000 est la même que celle de 1994 ; la liste de 2001 reprend celles de 1989 et 1995. Lors de graves cyclones, les noms de ces derniers sont supprimés de la liste et remplacés afin de ne pas choquer la population en lui rappelant de trop mauvais souvenirs. Les six listes prévoient 21 prénoms courants de A à W mais sans les lettres Q, U, X, Y et Z plutôt pauvres en prénoms. Jusqu’en 2020, lorsque la liste annuelle était épuisée, le NHC utilisait les lettres de l’alphabet grec pour les systèmes après W. Cela a porté à confusion dans certaines langues du bassin Atlantique. A partir de 2021, le comité sur les ouragans de l’Organisation Météorologique Mondiale décida de créer une liste complémentaire de noms par ordre alphabétique. https://meteofrance.gp/fr/cyclone

Lorsque la tempête tropicale se renforce, celle ci devient un ouragan. La différence entre ouragan, cyclone et typhon ? C’est assez subtile mais pour faire simple la différence est surtout géographique. Les ouragans se trouvent autour des États-Unis à savoir l’Atlantique Nord et une partie du Pacifique Nord. C’est un système cyclonique dont les vents ont une vitesse qui excède 33 m/s (environ 118 km/h) et qui a un œil dégagé en son centre. Il conserve le nom qu’il lui a été attribué lorsqu’il était une tempête tropicale. L’échelle de Saffir-Simpson est l’échelle de classification de l’intensité des ouragans allant de 1 à 5, 1 pour les ouragans faibles et 5 pour les ouragans les plus intenses. Les cyclones de catégorie 3, ou plus élevée, sont qualifiés d’ouragans majeurs.

Catégorie Vent Onde de TempêteDégâts potentiels
1119-153 km/h 1,2-1,5 maucun dégât structurel aux bâtiments
dommages limités(végétation, panneaux)
dégâts importants aux quais et jetées
2154-177 km/h1,8-2,4 mdégâts structurels (toits, portes)
déracinements d’arbres
coupures électriques
manque d’eau potable sur plusieurs jours
3178-210 km/h2,7-3,7 mdommages structurels des bâtiments
maisons mobiles détruites et toits arrachés
inondations près des côtes
glissements de terrain
coupures électriques et d’eau potable
4211-251 km/h4-5,5 mdégâts importants (toits,
façades légères, petites habitations)
évacuation d’urgence des rivages
érosion importante sur les plages
coupures importantes d’électricité
manque importants d’eau potable
5251 km/h et +5,5 m et +dommages considérables des bâtiments
toits entièrement arrachés
infrastructures côtières détruites
fortes crues
évacuations d’urgence
coupures d’électricité sur plusieurs mois
manque d’eau potable sur plusieurs mois

Saison cyclonique

Graphique montrant la distribution temporelle des systèmes cycloniques

Structure

Prévision année 2021

Le 8juillet 2021, l’Université d’Etat du Colorado CSU a légèrement augmenté ses prévisions et continue de prévoir une année cyclonique 2021 dans l’atlantique supérieure à la moyenne. Les conditions El Niño-Southern Oscillation (ENSO) neutres actuelles devraient persister pendant les prochains mois. Les températures de surface de la mer sur l’Atlantique tropical qui étaient sur une moyenne sont maintenant proches à légèrement au-dessus de la normale et la plupart des régions subtropicales de l’Atlantique Nord restent plus chaudes que la normale. Le développement et l’intensification d’Elsa en un ouragan dans le bassin Atlantique tropical laisse également présager une saison active. Le CSU anticipe une probabilité supérieure à la normale pour les ouragans majeurs qui touchent les terres le long du littoral des États-Unis et dans les Caraïbes. On passe donc de 18 à 20 tempêtes nommées et de 8 à 9 ouragans par rapport à la précédente prévision du 3 juin 2021. A noter que les 20 tempêtes tropicales et les 9 ouragans ne font pas traverser la Guadeloupe.

L’une des raisons qui pourrait amener à une saison cyclonique active chez nous, c’est la très forte activité de la mousson sur l’Afrique de l’Ouest cette année et donc des Ondes Tropicales plus fortes et des vents d’altitude plus faibles propices aux ouragans dans l’Atlantique tropical.

L’oscillation de Madden-Julian

L’oscillation de Madden-Julian (MJO) est un phénomène anormal de fortes précipitations le long de l’équateur à l’échelle planétaire. Il se caractérise par une progression graduelle vers l’est des zones de pluies tropicales et des zones sèches concomitantes. On l’observe surtout dans les océans Indien et Pacifique. Les pluies anormalement fortes se développent d’abord dans l’ouest de l’océan Indien et se déplacent vers l’est sur les eaux chaudes du Pacifique ouest et central. Par la suite, ces zones de pluies deviennent diffuses quand elles passent sur les eaux plus froides de l’est du Pacifique mais reprennent leur développement lorsqu’elles passent sur l’Atlantique tropical.

Ces zones pluvieuses, où l’on retrouve surtout des nuages convectifs, sont suivies par des zones sèches très prononcées où l’air est très stable. Chaque cycle dure entre 30 et 60 jours, ce qui fait que la MJO est aussi connu sous les noms d’oscillation 30-60, d’onde 30-60 et d’oscillation inter-saisonnière. La MJO a quitté l’arc antillais début juillet et ce pour 3 semaines environs. La reprise de l’activité cyclonique est prévu début aout.

Consignes de sécurité

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.