Les roches gravées amérindiennes

Mon grand amour des vestiges précolombiens a même été comblé en Guadeloupe. Moins connu que les géoglyphes de Nazca, les pétroglyphes que l’on retrouve en Guadeloupe ont été réalisé par les Arawaks, un peuple pacifique, et les premiers Amérindiens à avoir eu un contact avec Christophe Colomb et son équipage.

Les roches gravées du Plessis

Les roches gravées de la rivière du Plessis sont un ensemble de pétroglyphes datant de la période arawak, entre le Ier et le VIIe siècle, entre Baillif et Vieux-Habitants. Le site est découvert en 1886. Vingt roches comportent près de quatre-vingt gravures, dont deux avec polissoirs. En 1995, le cyclone Marilyn a révélé un bloc rocheux couvert de quatre gravures, de cupules et de polissoirs.

Ces pétroglyphes, souvent anthropomorphes et parfois zoomorphes, évoquent des visages stylisés, des masques ou des silhouettes filiformes. Sa localisation, autour d’un bassin de rivière et près d’une cascade, laisse penser qu’il s’agissait d’un sanctuaire consacré à l’eau.

Les arawaks utilisaient des outils en pierre pour piqueter la roche volcanique et créer le pétroglyphe. Le plus souvent les représentations sont composées de trois cupules entourées ou non d’un trait de contour. Parfois, des aspérités de la roches, comme des arrêtes, ont été choisies par les artistes pour s’intégrer dans certaines représentations de visage, leur conférant alors un relief réaliste.

Des panneaux sont présents sur le site pour expliquer les origines et les vies des peules autochtones. Même si les origines ne sont pas certaines, les peuples des Caraïbes descendraient de chasseurs nomades venus de Sibérie orientale. Durant la dernière glaciation entre -45 000 et -15 000 , ces nomades auraient traversé le Pacifique par le détroit de Béring, qui a l’époque était plutôt un isthme.

A partir du continent (sans savoir depuis où exactement, Floride, Mexique, Belize ?), les premières migrations débutent entre 5000 et 3000 avant notre ère. Des pêcheurs-cueilleurs, exploitant les ressources du milieu marin, naviguent d’île en île et découvrent l’archipel antillais.

Le parc archéologique des Roches Gravées

Inauguré le 28 juin 1975 par la Société d’Histoire de la Guadeloupe à Trois-Rivières, c’est des plus beaux sites d’art rupestre des Antilles. Localisé dans une sorte d’amphithéâtre naturel formé par une falaise d’anciennes coulées de lave volcanique d’andésite basaltique, on peut y découvrir, sur plus d’un hectare, un ensemble de 22 roches présentant plus de 230 gravures. En fin de matinée, la lumière rasante permet de mieux apprécier les reliefs.

En 1640, les religieux Raymond Breton et Armand de la Paix signalent des roches gravées à l’embouchure de la rivière du Carbet. Toutefois, note Henry Petitjean Roget, « les religieux venus pour convertir les Caraïbes ne [s’étant] guère intéressés aux vestiges enfouis dans le sol guadeloupéen », « ce n’est qu’au début du XIXe siècle que débutent les premières recherches archéologiques ». La première mention écrite que l’on connaisse à propos de roches gravées à Trois-Rivières est le fait de F. Langin, publiée en 1848.

Par ailleurs, on peut aussi y découvrir des polissoirs, qui permettaient la fabrication de haches en pierre polie par les Amérindiens.

Ainsi, la majorité des roches dévoilent des figures isolées au dessin schématique, de simples visages ou des têtes rondes sur des corps ovales. Dans deux cas, des visages ont été représentés avec une décoration plus complexe, ce qui leur a valu le surnom de « cacique » et de « sorcier » par leurs découvreurs, bien que ces noms ne reflètent pas la nature de la représentation.

Ces pétroglyphes, datés de 300 à 800, sont l’inscription dans le paysage d’une pensée symbolique, dans des lieux privilégiés pour la communication avec les esprits régissant l’ordre du monde et de la nature pour les Amérindiens. Ils font du site un lieu cérémoniel et spirituel du monde amérindien, où sont invoquées les forces surnaturelles.

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