Aux alentours du 17ème siecle, la société rapa nui subit de profond changements politiques, culturel et religieux. Après la fin de l’époque des Moaïs, une période de guerre a lieu sur Rapa Nui. Afin de stopper les conflits, la compétition de l’Homme Oiseau est mis en place.
La figure de l’Homme Oiseau est apparue comme la représentation du dieu créateur du monde ou dieu Make Make pour la culture ancestrale de l’île, donnant lieu à sa vénération à travers le Tangata Manu ou concours de l’Homme Oiseau, auquel participaient les différents clans Rapa Nui.
Concrètement, le Tangata manu est, pour un an, l’arbitre des conflits entre clans sur l’île de Pâques. À ce titre, il est « neutre » et sacré. Pour devenir Tangata Manu, le Hopu (représentant de chaque clan) doit à partir de la falaise d’Orongo, descendre le volcan via le Kari Kari, plonger, nager à l’aide d’une gerbe de totora jusqu’à l’îlot rocheux inhabité de Motu Nui (« grand rocher »), s’y poster et attendre la ponte du premier œuf de la saison de sterne Manutara, le recueillir, l’attacher alors à son front pour le protéger pendant la nage en mer et l’ascension de la falaise de Rano Kau et le ramener à l’ariki nui (« grand guerrier » : le « roi » de l’île) sur Rapa Nui.
Le Hotu qui rapporte l’œuf de Manutara à Orongo devient le Tangata Manu, l’Homme Oiseau. S’il le ramène cassé, il devient l’Homme Lette.
Au cours de la compétition, outre la lutte contre les adversités et les obstacles de la nature, tels que la houle et les requins, les concurrents devaient attendre sur les îlots pendant des jours, voire des semaines, la ponte du Manutara et se méfier de leurs adversaires qui, à tout moment, pouvaient se battre pour l’œuf et dérober la victoire. Autant de caractéristiques qui rendaient la compétition très risquée pour les concurrents, qui y laissaient souvent la vie.
Les sternes fuligineuses sont également appelées hirondelles de mer. Il n’est malheureusement plus possible de la voir sur l’île, où elle ne niche plus depuis plusieurs années en raison de la destruction de son habitat, de l’introduction d’espèces exotiques et de l’extraction indiscriminée des œufs pour la consommation humaine.
Planche 36 du Monde vivant des atolls, chapitre X
Les clans vivaient temporairement dans le village d’Orongo composé de 54 maisons construites sur l’impressionnant bord du cratère de Rano Kau. Les maisons sont construites avec des murs et des toits en pierre, puis recouvertes de terre pour les stabiliser et les isoler. Le vent peut être violent au sommet du Rano Kau, il était donc important de s’en protéger. L’entrée de la maison Hare était un petit carré dans lequel on rampait, ce qui signifiait que même si la maison était bien isolée, très peu de lumière et d’air frais y pénétraient, ce qui la rendait uniquement adaptée au sommeil.
On ne sait pas avec certitude, mais il semble que, pour rappeler chaque investiture de l’Homme Oiseau, un pétroglyphe d’une figure avec le corps d’un humain et une tête d’oiseau a été sculpté dans les rochers d’Orongo et plus particulièrement aux abords des maisons de Mata Ngarau. C’est d’Orongo que provient Hoa Hakananai’a, le Moaï “l’Ami Volé” conservé au British Museum de Londres.
En 1867 a lieu la dernière compétition de l’Homme Oiseau. Au total 110 compétitions se sont déroulées sur le site Orongo, jusqu’à l’arrivée des premiers missionnaires qui ont jugé cette pratique contraire à la foi chrétienne et l’ont finalement interdite.
Alors qu’une partie de Mon foie est mon glaive ça aurait très bien fonctionné