Pablo Neruda

C’est la personnalité historique que l’on a retenu de notre séjour au Chili. On le connaisait poète, on a décou ert son engagement politique et son caractère de bon vivant.

Sa vie, son oeuvre

Pablo Neruda, nom de plume de Ricardo Eliécer Neftalí Reyes Basoalto est un poète, écrivain, diplomate, homme politique et intellectuel chilien. Il est considéré comme l’un des quatre grands de la poésie chilienne.

À partir de 1935, il est consul en Espagne où il entretient des relations amicales avec Federico García Lorca qu’il avait connu à Buenos Aires et qui aura une influence déterminante sur sa vie et son œuvre. Après le putsch de Franco du 18 juillet 1936 et l’assassinat de García Lorca, Neruda se fait l’avocat de la République espagnole. Il rédige J’explique certaines choses (sur la guerre d’Espagne) en 1937. Il est révoqué comme consul et publie L’Espagne au cœur (España en el corazón), dans lequel il franchit un pas décisif dans sa démarche. En 1939, mandaté par le président chilien Pedro Aguirre Cerda, il organise le départ de 2400 réfugiés espagnols.

Il meurt lentement celui qui ne voyage pas, celui qui ne lit pas, celui qui n’écoute pas de musique…

Lors des élections parlementaires de mars 1945, il est élu sénateur et devient membre du parti communiste du Chili. En 1946, Neruda dirige la campagne électorale de Gabriel González Videla qui, après son élection comme président, opère un virage à droite et se retourne contre les communistes dans le contexte de la guerre froide. Le poète réagit par un discours au Sénat portant le célèbre titre d’Émile Zola : J’accuse…!

Pablo Neruda devient le troisième écrivain d’Amérique latine à obtenir le prix Nobel de littérature le 21 octobre 1971. En 1972, il retourne au Chili et est triomphalement accueilli au stade de Santiago.

Il meurt lentement celui qui ne change pas de cap lorsqu’il est malheureux au travail ou en amour, celui qui ne prend pas de risques pour réaliser ses rêves

Il échappe de justesse à son arrestation et se réfugie en Europe. Son exil le conduit en URSS, en Pologne, en Hongrie, en Italie. Il visitera également l’Inde et le Mexique. C’est là que paraît en 1950 son Canto general. Écrite dans la clandestinité, l’œuvre est interdite au Chili.

Le coup d’État du 11 septembre 1973 renverse le président en exercice, Salvador Allende. La maison de Neruda à Santiago est saccagée et ses livres brûlés.

L’enfant qui ne joue pas n’est pas un enfant, mais l’homme qui ne joue pas a perdu à jamais l’enfant qui vivait en lui et qui lui manquera beaucoup.

Le poète décède le 23 septembre 1973 à la clinique Santa María de Santiago, officiellement d’un cancer de la prostate. Il comptait s’exiler au Mexique le 24 septembre, et de là essayer de mobiliser les gouvernements et les intellectuels du monde entier contre le coup d’État en cours.

L’inhumation de son corps, transporté depuis sa maison saccagée jusqu’au cimetière central de Santiago, devient, malgré la surveillance policière, la première manifestation publique de protestation contre la junte militaire dirigée par Augusto Pinochet. À la fin de la dictature, son corps est inhumé selon ses vœux aux côtés de sa compagne dans le jardin de sa maison d’Isla Negra.

Deux ans plus tard néanmoins, le gouvernement chilien reconnaît la possibilité que Neruda ait pu être empoisonné. Une expertise internationale de 2017 conduit à rejeter définitivement la version d’une mort due au cancer, et envisage la possibilité qu’une bacctérie ait pu être injectée intentionnellement au poète. En février 2023, un nouveau rapport révélerait la présence de traces de la bactérie Clostridium botulinum dans le squelette de Neruda.

J’ai construit ma maison comme un jouet et j’y joue du matin au soir.

La Chascona à Santiago

La Chascona est la maison de Pablo Neruda situé à Santiago dans le quartier bohème de Bellavista. Son originalité vient de son architecture en forme de bateau. La Chascona fut construite en 1953 en l’honneur de Matilde Urrutia, son amour secret de l’époque qui est ensuite devenue sa 3ème épouse. Avec son bleu et son jaune au mur, la maison reflète l’amour qu’avait le poète pour la mer et le soleil.

A l’intérieur de la maison, se trouvent des objets uniques, des oeuvres d’art, de la vaisselle , des vases, des statues, des coquillages, des lampadaires, une bibliothèque, un bar  ainsi que des passages secrets menant vers d’autres pièces. Ce qui nous a surtout c’est son côté épicurien et son art d’accueillir chaleureusement ses convives autour d’une table et surtout d’un verre coloré. Il trouvait en effet que cela donnait meilleur gout à l’eau d’être servit dans un verre rouge ou vert.

Quel blagueur ce Pablo !

La Sebastiana à Valparaiso

A Valparaiso, nous visitons une autre maison de Pablo Neruda, la Sebastiana, du en hommage à son ancien propriétaire Sebastian Collado. La maison est parfaitement bien situé, proposant une magnifique vue sur le port de la ville. Cela suffit à Neruda pour tomber sous le charme de la demeure.

Amoureux de la mer, il termine la Sebastiana de façon à ce que chaque pièce ait une vue sur l’océan. Ce qui nous a marqué dans cette maison c’est la présence d’une douche à coté du bar. On connait désormais le père des apéros douche, un bon vivant ce Pablo.

Le plus incroyable, quand on visite ces demeures, est qu’elles sont toutes en parfaite inadéquation avec les règles de l’architecture et on pourrait même dire qu’elles sont faites de bric et de broc. Elles semblent n’avoir eu aucun plan préconçu. Difficiles à appréhender d’un simple regard, compliquées à comprendre, déroutantes dans leur déambulation, elles sont autant initiatiques qu’envoûtantes.

Ce bric à broc entre œuvres d’art et babioles

Au-delà de l’architecture et de la situation exceptionnelle de chacune de ses maisons, c’est l’atmosphère intérieure qui procure le plus d’émotion. Les pièces sont agencées de telle manière qu’elles nous soustraient au monde extérieur et nous invitent à intégrer le processus créatif de leur auteur. En passant de l’une à l’autre, on ne visite plus une demeure mais on en devient partie prenante.

1 commentaire

  1. Elvire Berthenet a dit :

    Pablo Neruda aurait été un hôte parfait pour le bungal 16

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