Le nom de Valparaiso ne vient pas de la vallée du paradis comme beaucoup le prétendent, mais du village d’origine d’un explorateur espagnol. La région a d’abord été peuplé par des Picunche et Changos qui surnommaient la région Alimaipu qui signifie terre brulée (rien avoir avec le Connemara) lié au nombreux incendies qui ont lieu dans la région.
C’était la ville qui a été mis à mal par le pirate Francis Drake. Le 25 décembre 1578, il pille Valparaiso en récoltant 25 000 pesos et 37 000 ducats, soit près de 7 millions £. On raconte qu’il aurait caché son butin sur une île pas loin de Valparaiso après l’avoir pillé. Le trésor s’y trouverait encore..
1848, c’est la ruée vers l’or. Nombre d’européens tente de rejoindre l’ouest des États-Unis pour chercher le métal précieux. Traverser le pays d’Est en Ouest est trop dangereux, si bien que les colons préfèrent passer par le détroit de Magelan et remonter le long du Chili. Valparaiso est alors la principale halte sur le chemin.
Certains découragés par le chemin périlleux parcouru jusque là choisissent de terminer leur voyage dans la ville portuaire.C’est l’âge d’or de Valparaiso. Les émigrés apportent une énorme richesse à la ville permettant ainsi de grand progrès en matière de confort que ce soit pour les habitants de la ville, mais aussi pour tout le Chili et l’Amérique latine en général. Par exemple, en 1916, la première douche chaude de l’Amérique du Sud se trouve à Valparaiso.
Une trace dans la ville de cette arrivée massive d’émigrés est dans le nom des différentes casernes de pompier de la ville. En effet, elle porte le nom d’un pays ou d’une ville (France, Etats-Unis, Suisse mais aussi Marseille,…). A l’époque la caserne de pompier est une sorte de lieu social où il était possible de travailler à condition de venir du pays et/ou de la ville en question. Désormais seul le nom de la caserne a été gardé en souvenir, les pompiers de Valparaiso sont pour la plupart des chiliens.
Cette âge d’or se termine en 1914 avec la construction du canal de Panama. Désormais les bateaux ne sont plus obligés de passer par le canal de Magelan, et donc par Valparaiso, pour atteindre l’ouest des États-Unis. Valparaiso tombe alors en décrepitude, devient une ville très pauvre et ses habitants marginaux.
En 2003, après la construction d’un énorme cube en verre moche d’une entreprise, Valparaiso arrive à protéger une partie de la ville de ce genre de construction en étant classée par l’UNESCO comme Patrimoine Mondial de l’humanité. Le comble dans cette histoire c’est que le quartier où se trouve le cube en verre moche est protéger, il est donc désormais impossible de détruire ce bâtiment.
Mais pourquoi Patrimoine Mondial de l’humanité ? Valparaiso c’est la ville où l’Histoire pas glorieuse du Chili a commencé. Oui c’est dans cette ville, que le coup d’Etat du général Pinochet a commencé. Dans les trois jours suivant le coup d’État, plus de deux cents personnes sont assassinées par les militaires aux ordres des putschistes. De nombreux bâtiments sont utilisés comme camps de détention et de torture. Ce fut au total plus de 3 200 morts et disparus, plus de 38 000 torturés, des dizaines de milliers d’arrestations de personnes contre le régime.
En 1956, de nombreux étudiants chiliens quittent leur pays et vont à Chicago étudier l’économie. Ils sont alors surnommés les « Chicago Boys ». Ils découvrent alors le néolibéralisme via Milton Friedman qui défend la non intervention de l’Etat dans l’économie. À la suite du coup d’État du 11 septembre 1973, ils sont recrutés par le gouvernement formé par la junte militaire et impose par la force des centaines de privatisations et des réductions des aides sociales.
C’est au Chili, pour tenter de relancer l’économie et diminuer la pauvreté que la carte de crédit est crée. (Attention en France on parle à tort de carte de crédit, chez nous c’est une carte de débit le plus souvent que l’on a dans notre porte feuille rien à voir, on ne s’endête pas pour en avoir une). Je ne dirais pas que c’est un échec, ça n’a pas marché, comme dirait l’autre.
Pour faire des économies, ils ont alors modifié le système des retraites. Du système de solidarité où les travailleurs cotisent pour payer les retraites des anciens, c’est désormais un système de compte épargne. Résultats, les femmes surtout n’ont plus de retraite et nombreux sont ceux qui se retrouvent dans la misère. Les militaires sont bizarrement épargnés car ils conservent leur système de retraite par solidarité.Pas folle la guêpe !
L’histoire ne s’arrête pas avec le retour à la démocratie. Déjà, on sait désormais que les États-Unis ont eu un rôle important dans la mise en place de régimes militaires dictatorials au Chili mais aussi dans d’autres pays d’Amérique latine. Pinochet n’a jamais été jugé pour l’ensemble de ses crimes. Il réussit dans un premier temps à garder une place au Sénat, ce qui lui permet de se protéger et faire du chantage avec un nouveau putsch si le gouvernement lui cherche des misères. Actuellement les grosses entreprises d’exploitation des matières premières dans le désert d’Atacama et non notamment de lithium, sont encore aux mains de la famille de Pinochet.
En octobre 2019, des manifestations chiliennes ont lieu en réaction à des mesures d’augmentation des prix de services publics. Bien que relativement faibles, ces augmentations déclenchent l’expression d’un profond ressenti de la population à l’encontre des importantes inégalités sociales que connaît le pays.
Lors du Référendum chilien organisé le 25 octobre 2020, les électeurs sont amenés à se prononcer sur un changement de constitution ainsi que sur la nature de l’organe à laquelle ils souhaitent confier le pouvoir constituant chargé de sa rédaction : une assemblée constituante entièrement élue ou bien composée pour moitié d’élus et pour l’autre moitié de parlementaires.
Le scrutin, qui se tient six mois après la date initialement prévue en raison de la pandémie de Covid-19, voit la proposition de rédaction d’une nouvelle constitution approuvée à une large majorité de près de 79 % des suffrages. L’option d’une assemblée constituante intégralement élue est quant à elle choisie à une majorité similaire, et devrait être mise en œuvre lors d’élections constituantes organisées le 11 avril 2021.
Le 17 décembre 2023 c’est la seconde fois en deux ans qu’une nouvelle Constitution est soumise au vote de la population, après l’échec par référendum du projet rédigé par l’Assemblée constituante élue en mai 2021. Là où cette dernière est alors jugée comme trop radicalement de gauche, le projet présenté en 2023 rencontre des critiques inverses, ayant été rédigé par une constituante dominée par les forces de droite et d’extrême droite.Comme annoncé par les sondages d’opinion, le projet de Constitution est lui aussi rejeté. Ce deuxième échec met un terme au processus constituant entamé en 2020, le gouvernement actant le maintien de la constitution de 1980.
Ça c’était pour l’histoire contemporaine du Chili. Je sais pas vous mais moi ça m’a fait écho à ce qu’on vit depuis quelques décennies et surtout depuis l’arrivée de Jupiter. La fin ne m’a pas du tout rassurée sur une potentielle résolution joyeuse.
Bref changeons de sujet, un petit peu. Valparaiso c’est un peu le Marseille chilien. C’est un port, avec une histoire construite sur l’arrivée d’émigrés et qui désormais est une ville du petit peuple et des marginaux. Cela se voit dans l’urbanisme, avec une écrasante majorité des maisons contruite de tôles. Qu’est ce qu’on est créatif quand on est pauvre ! Les maisons sont ensuite peinte grâce aux reste de peinture pour les bateau. Tout est histoire de recup.
Et donc c’est dans cette ville, vers 1950 que l’on voit apparaître les premiers muraux dans la ville. Mono Gonzales est le grand père du mural à Valparaiso. Les muraux font partie de la grande famille des graffitis avec les tags et les graph. C’est la forme politiquement acceptée des grafittis. Il y a une seule règle dans l’anarchie du Graffiti, on ne tague pas sur un mural. Il existe des brigades, des communauté d’artistes qui se réunissent autour d’un sujet. L’idée est de porter un message politique à travers une oeuvre artistique.
Valparaíso est construite sur un ensemble de collines, les cerros. Les funiculaires sont un moyen de transport adapté pour circuler aisément dans la ville. Aujourd’hui, Valparaíso compte quinze funiculaires, chacun d’eux reliant un des cerros au plan. Inauguré en 1883, l’ascensor Concepción est le plus ancien funiculaire de Valparaíso. Il fonctionne par un système de contrepoids à eau. Petit à petit les funiculaires sont mordernisés et équipés d’une machine à vapeur, l’ascensor Barón en garde d’ailleurs le souvenir avec son ancienne cheminée. Désormais les funiculaires sont équipés d’un moteur électrique.
Ouais c’est on peut la déprime la politique clairement. Mais il ne faut pas baisser les bras !