Marie-Galante est aussi un musée à ciel ouvert. Entre moulins et habitations, nous avons pu avoir un aperçu de l’Histoire coloniale de l’île.
Habitation Roussel-Trianon

Première étape, l’habitation Roussel-Trianon. C’est un domaine exceptionnel classé monument historique en 1981. Elle témoigne de la prospérité sucrière de l’île. Une sucrerie nommée Trianon existe à cet emplacement dès 1669.

En 1785, son nouveau propriétaire, P. Botreau-Roussel y ajoute son nom et construit en 1800 le remarquable moulin à vent. Celui-ci est partiellement détruit par le tremblement de terre en 1843.

De 1855 à 1863 est construite une puissante installation sucrière. Mais la modernisation de l’habitation n’empêche pas sa fermeture en 1874.

Subsistent les très belles écuries en briques rouges et pierres de taille.

La Mare au Punch
Le second lieu visité est la Mare au Punch. Un an après l’abolition de l’esclavage de mai 1848, l’habitation Pirogue est le théâtre d’un évènement majeur. Lors des élection législatives, de juin 1849 auxquelles participent les nouveaux affranchis, deux listes s’opposent. L’abolitionniste Victor Schoelcher fait face à Théophile Boterau propriétaire de l’habitation Pirogue et maire de Grand Bourg campagne.

Élu à la fois en Martinique et à Marie-Galant, Victor Schoelcher cède son siège à son suppléent Louisy Mathieu, un jeune affranchi. Cette élection est contestée par la communauté banche de l’île, qui demande à Paris l’autorisation de procéder à de nouvelles élections.

Un ancien esclave se rend compte de la supercherie dans les bulletins de vote. La population révoltée se dirige vers la mairie de Grand Bourg campagne et l’habitation Pirogue. La milice reçoit l’ordre de tirer à vue. En représailles, la population brûle la mairie. Elle s’empare aussi du sucre et du rhum de l’habitation Pirogue, qu’elle aurait déversés dans la mare, d’où le nom de “Mare au Punch”

On dit que la population célébrèrent cet évènement en trinquant ce punch durant trois jours.
Les moulins à vent
Le paysage de Marie-Galante est aussi rythmé par des tours tronconiques qui se dressent au sommet des mornes. Surnommée l’île aux cent moulins, Marie-Galante n’en a jamais eu autant à la fois mais il est arrivé que leur nombre égale celui des Habitations sur l’île.

Carte des moulins extrait de l’inventaire des moulins de Marie-Galante par l’Agence des Bâtiments de France et le Parc Naturel de la Guadeloupe (1980) [p.162]
En 1642, apparaissent les premiers moulins à broyer de la canne à sucre sur l’île. Ces moulins fonctionnaient en premier lieu grâce à la force animale. Indépendant de source d’énergie, ils pouvaient être implanté partout.

Mais ce sont ensuite les moulins à vent qui ont permis de broyer la canne à sucre à partir du XVIIIe siècle, remplaçant petit à petit les premiers moulins à bêtes.

Montés premièrement sur une simple charpente en bois, ils étaient ensuite maçonnés en taille de pierre. Les ailes de ces moulins au nombre de 4 ou 6, entrainaient des cylindres. Grossier, dans un premier temps, ces cylindres, fabriqués en pierre, broyaient les tiges de cannes à sucre.

Le broyage de ces tiges permettait d’extraire le jus sucré. Malheureusement, les tiges de cannes à sucre, hérissées de nœuds très durs, résistaient parfois à la pression exercée par les cylindres et entrainaient souvent la rupture des appareils destiné à les broyer. Au fur et à mesure, les moulins à cannes se sont perfectionnés, ils ont gagné en solidité et en puissance évitant ainsi les ruptures.

En 1830, on compte une cinquantaine de moulins à vent. En 1843, le dernier moulin à vent est construit. L’apparition des moulins à vapeur sonne leur déclin. L’abolition de l’esclavage, en 1848, marque l’apogée des moulins à vent : autour de 70.

L’habitation Murat
Dernière étape, direction l’habitation Murat. Cette habitation sucrière existerait depuis les années 1660. Dominique Murat, son fils Emmanuel ainsi que Jeanne Laballe, épouse de ce dernier, sont à l’origine des constructions prestigieuses subsistantes.

Devenus propriétaire en 1807, ils font bâtir, la maison de maître, le moulin et la sucrerie. L’habitation nommée Bellevue-Laplaine compte alors 289 esclaves et une centaine de cases à esclaves.


L’ancien parc à bœufs est transformé en jardin de plantes médicinales en 1979. Il présente une collection des plantes utilisées dans la pharmacopée traditionnelle.


Le moulin à vent a été construit e 1814 en pierre de taille. Les ailes entrainaient un mécanisme destiné au broyage de la canne. Les clés de voutes des trois ouvertures sont finement sculptées.

Le moulin à bête ou manège est un système, dont il ne subsiste que l’emplacement. Il précède celui du moulin à vent pour écraser la canne à sucre.

La sucrerie est un vaste bâtiment témoin de l’industrie sucrière du XIXème siècle. Elle contenait deux équipages de 9 chaudières et une distillerie. Elle a été profondément restaurée dans les années 1970

La maison de maitre est édifiée vers 1815. C’est l’œuvre du fils et de son épouse qui s’inspirent du château de Houëlbourg, grande habitation située à Baie-Mahault dont il ne subsiste rien. L’habitation est restaurée vers 1970 dans le but d’y implanter un hôtel de prestige. Mais en 1979, l’habitation Murat devient le siège de l’écomusée de Marie-Galante créé par le Conseil départementalde la Guadeloupe.
