Une matinée à l’îlet Gosier

Ce mois-ci on va bien voir que la Guadeloupe n’est pas une île mais une archipel. J’ai déjà parlé des deux îles principales, Grande-Terre et Basse-Terre mais aussi de Marie-Galante et de Terre-de-Haut de l’archipel des Saintes. Et donc ce mois-ci je vais surtout parler des autres îles, un peu moins connues. On commence par l’îlet Gosier, en face du Gosier. Cet îlet est surtout populaire au près des locaux, une demie journée est amplement suffisante pour profiter des lieux.

J’ai choisi de m’y rendre avec la navette. C’est l’option la plus simple, mais il est possible de de se la jouer sportive et de faire la traversée en kayak, paddle ou même à la nage. Il n’y a que 500m entre la plage de la Datcha et l’îlet. Cependant, il est vivement conseillé d’avoir avoir un bon niveau de natation. Les palmes et le masque rendent la traversée plus agréable.

L’îlet Gosier est un îlot de type corallien. Il tient son nom de celui de la commune du Gosier. Ce sont les pélicans d’eau grands-gosiers qui chassaient autrefois dans sa lagune nourricière, qui lui valurent ce nom. Une habitation dotée d’un pigeonnier existait au XIXème siècle. Il reste un dernier habitant sur l’îlet, descendant du dernier gardien de phare, il est le dernier domicilié sur l’îlet.

Le site archéologique de l’îlet Gosier a permis de mettre en évidence deux grandes périodes d’occupation précolombienne séparées par un épisode de remontée marine. La céramique de la première occupation est de culture saladoïde, vers 200 à 800 après JC et celle de la seconde est de culture troumassoïde, vers 800 à 1200 après JC.

La découverte de nombreux trous de poteaux témoigne de la mise en place de structures bâties sur des poteaux, les carbets amérindiens. Cette zone d’habitat est accompagnée en périphérie immédiate d’un dépotoir. Celui-ci renferme principalement des coquillages consommés, témoins de l’exploitation des ressources naturelles, mais aussi des fragments de céramiques et des outils en pierre et en coquillage, témoins de l’activité domestique. Dix sépulture y ont également été identifiées. Les défunts sont enterrés dans des fosses ovales au sein même de la zone d’habitat, conformément aux pratiques d’inhumation précolombiennes : les membres inférieurs repliés sur le buste. Ces indices permettent de confirmer l’occupation pérenne de l’îlet Gosier depuis l’arrivée des premiers horticulteurs-potiers aux Antilles, au tout début de notre ère.

Avec l’intensification du trafic maritime en Guadeloupe au cours du XIXème siècle, le balisage de l’îlet Gosier devient essentiel pour la sécurité des bateaux et des équipages “atterrissant” dans la rade de Pointe-à-Pitre. Un premier feu s’élevant à 17 mètres au dessus du niveau de la mer est construit sur l’îlet dès 1852, afin de faciliter la navigation et de signaler la présence de récifs affleurants. Il s’agit alors d’une tour prolongée par un brûleur à huile. Cette installation est régulièrement endommagée par les tempêtes qui balayent l’archipel.

Le service des ponts et chaussées mène donc à partir de 1876 des études en vue du remplacement du feu initial. En 1882, le second phare est mis en service. Haut de 24 mètres, il dispose d’une lentille permettant d’amplifier la portée du feu. Les gardiens disposent d’un logement, d’une cuisine, d’un magasin de stockages des vivres et d’une citerne. Il est électrifié après 1945, avant d’être automatisé en 1973.

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